Evalea Duchesse
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| Sujet: Les Stances à la duchesse de Savoie Mer 1 Avr - 1:37 | |
| - Citation :
- Les Stances à la duchesse de Savoie
Chanson (très) populaire du Piémont
Refrain: En selle, en selle, ma mie Chevauche, chevauche En selle, en selle ma mie Chevauche mon grand vit
I En terres d'Ivrée, un duc, Du nom de Lapinus, Très bon pour ses sujets, Était grand, droit et fier, Juste, fort et sincère Et sifflait comme un geai.
II Aimé du peuple pour Sa force, sa bravoure, Son épée, son courage, Il montait prestement Chaque jour sa jument Devant tout le village.
III Bien que de port altier, N’avait jamais trouvé Pour poser ses mains rudes Une femme et, de fait, Notre bon duc souffrait De haute solitude.
IV Pourtant encore vert, Toujours rapière au clair, Mais sans épouse, hélas! Dans sa chambrette close, Onc n’effeuillait de rose Et dormait comme masse.
V Nombre de chambrières Tentaient de le distraire, De le mettre en émoi. Au matin, sous la couette, Voulaient tâter la bête Et trouvaient le duc froid.
VI Car le duc, sans broncher, Ne voulant du péché, Demeurait chaste et roide; Et, dans tout le pays, Il courut vite bruit Qu’il avait pine froide.
VII Et comme onc ne baissait Devant ses tiers ses braies Pour monter à la selle, Vile rumeur colporte Que cul du duc fait crotte Verte comme surelle.
VIII Un tel prédicament Créa l’amusement; Et le trouvèr’ du cru Mit sitôt en musique La raide et blanche trique Et le trou vert du cul.
IX À son grand désarroi On brocardait le duc, Qui faisait grise mine. Et on le vit souvent Rôder près de l’étang, Le coeur criant famine.
X Un soir de solitude, Un vent venu du sud Lui parla à l’oreille; Une fée ou un ange Lui chanta la louange De beauté sans pareille.
XI Une splendide vierge, Ignorant toutes verges, Régnait sur la Savoie; Blanche comme saindoux Et répondant au doux Prénom d'Evalea.
XII Au creux de ses entrailles, Au profond de sa faille, Brûlait tel un brasier; Nul ne pouvait l’éteindre, Risquant fort, à l’étreindre, D’avoir le vit brûlé.
XIII Lors la belle attendait Étendue sous un dais Que l’on vienne et l’embrasse, Soupirant sans espoir Que nul ne puisse avoir Une pine de glace.
XIV Sur ce le vent se tut Et le duc fort ému Quitta mélancolie: «C’est bien moi qu’elle appelle, Et cette jouvencelle Réchauffera mon vit.»
XV Rentré en sa demeure, Fit part de la rumeur À son vieux confident. «Il ne peut être d’autres Vits ainsi que le vôtre; C’est bien vous qu’elle attend.
XVI «Vous seul avez l’atour, Car pensez qu’il faut pour Pénétrer le refuge Qu’est le con de la dame, Où vit commun s’enflamme, Une pine ignifuge.»
XVII Et le duc effaré, Ne sachant où chercher, La Savoie étant vaste, Regarda éperdu Sa braguette tendue Et jura rester chaste.
XVIII «Sire, sans plus attendre, Il faut trouver et prendre En justes tenailles Cette tendre pucelle, La porter jusqu’au ciel Et franchir son portail.
XIX «Car, bien vous le savez, Un duc sans héritier Est tel chêne sans gland; Il lui faut prendre femme Pour perpétrer son âme, Son lignage, son sang.»
XX Et son bon chambellan Lui dit d’un tel élan De reprendre courage, Que le bon Lapinus Monta son palefroi Et sus au pucelage!
XXI Il espérait fort trou- ver la belle en son trou- ble repaire bien vite, Et qu’avant le printemps Pourrait la belle enfant Monter sa stalagmite.
XXII Flanqué de six guerriers, Parcourut la contrée, Chercha combes et vaux; Bien que les mois passassent, De duchesse point de trace, Ni rumeur ni ragot.
XXIII Arriva en hameau Au sommet d’un coteau, Triste, crotté, fourbu. Trouva gentille auberge Aux longs rideaux de serge Et de velours tendue.
XXIV En ce lieu accueillant Se délassaient les grands Toute la cour en voyage Dans un essaim de belles Offrant fortes mamelles Débordant de corsages.
XXV Les six guerriers transits Tombèrent au tapis Dessous autant de vierges. Le pauvre Lapinus, Si grand fût son émoi, N’osa sortir flamberge.
XXVI Dans sa peur de faillir, Il ne pouvait saillir, Planter son étendard. Et, de toute façon, Se glacerait le con À son froid braquemart.
XXVII Le duc était morose, Quand, vêtue de soie rose, Survint une belle dame: «S’il vous agrée, messire, Je gèlerai mes doigts À la verge ducale.»
XXVIII «Merci, Madame, hélas! Grand bien que vos mains fassent, Vous m’en verriez marri, Car j’ai promis ce sceptre À celle à qui le prêtre M’offrira en mari.
XXIX «Celle qui m’est promise Est douce comme brise Et blanche comme ivoire; J’entendis la prière Que fit, de sa litière, Son souffle aux vents du soir.
XXX «Je suis en selle depuis, Chevauchant jour et nuit, Cherchant dans la Savoie Introuvable beauté, Un ange au con igné; Son doux nom est Eva.»
XXXI Lors la belle pâlit, S’allongea sur un lit, Prise de pâmoison: «Ce que vous décrivîtes, Mon coeur trop en palpite, C’est mon con, c’est mon nom!
XXXII «J’attends depuis toujours Qui calmera d’amour Ce feu qui en moi croit; Vit qui saura me prendre Sans se réduire en cendres. Oui, je suis Evalea!»
XXXIII Qui pourra donc chanter Du duc félicité Sans en ternir l’éclat Quand il dit coeur béant: «Unissons-nous céans, Avant que sonne glas!»
XXXIV Il était en ce lieu Aubergiste fort joyeux Qui offrit ses services Pour rendr' possible l’union, En quittant le giron D’une belle et ses vices.
XXXV Rengainant sa rapière, Il ouvrit une chambrée Et dit d’un ton amène En rassemblant ses ouailles: «Entrez, faites ripailles Au nom du père, amen.»
XXXVI Verges quittèrent cul Et se tut la cohue Qui forma une arène Pour célébrer la messe, Tout en pinçant la fesse De la belle duchesse.
XXXVII La cour fit office, Éleva la grand lice Sur les amants ployés, Les bénit d’un Pater Et, quand ils s’embrassèrent, S’offrit forte lampée.
XXXVIII Lors le ban exigea Que le duc consommât Incontinent l’hymen; Il mit donc femme en lit Puis il la dévêtit De sa robe, sa traîne.
XXXIX Chacun souffle retint Quand le bon duc en vint À rejeter vêture Pour dévoiler son sabre, Roide et blanc comme marbre, À l’altière cambrure.
XL La noblesse ébaubie Jura qu’autour du vit L’air même se gelait Et que fumait le con Alors que le buisson De ses poils crépitait.
XLI Plus de chants, plus de danses, Plus un souffle, silence; Le duc prit son élan. Trois fois il se signa Et d’un coup pénétra Le con incandescent.
XLII Ce fut tonnerre et foudre, Coups de canon et poudre, Qui six heures durèrent. La troupe des convives, Scandant des «Vive! Vive!», Entourèrent litière.
XLIII La couche vint à choir Sous les coups de butoir Tant le duc besognait; Et enfin dans un cri: «Joseph! Christos! Marie!», Il fit feu de mousquet.
XLIV Quand il se retira, De son vit toujours droit Jaillissait sa semence; De forts longs jets de foutre Giclant jusques aux poutres Bénirent l’assistance.
XLV Lors gardes s’embrochèrent, Formant couronne fière Autour de Lapinus Alors que, pudibonde, Se drapait Evalea Dans un voile de soie.
XLVI Ce fut nuit de liesse, Toutes verges en fesses, Et au matin venu Chacun voulut surseoir Au moment de s’asseoir Tant lui souffrait le cul.
XLVII Les annales relatent Que duchesse, à quatre pattes, Jusqu’au lever du jour, Plus de quarante fois Fut prise par le duc Et qu’il bandait toujours.
XLVIII Mais bonnes choses passent Et bientôt foule lasse Sombra au doux sommeil; Tous les corps enlacés Dormirent au plancher, Corps nimbés de soleil.
XLIX Quand le duc s’éveilla, Se tâta sous le drap Et sentit fière hampe; Il conçut grande joie, Son vit n’était plus froid Et tendu comme crampe.
L C’était certes miracle, En dépit des oracles, Le duc était guéri. Il voulut sur-le-champ Essayer l’instrument En son amour, sa mie.
LI Hélas! à son grand dam, Près de lui point de dame Mais sa fidèle escorte, Qui ne sut que lui dire, N’ayant point vu sortir La duchesse si accorte.
LII Lors entra la matrone, Une avare gorgone, Qui fit mauvais sourire. «Où donc est mon aimée, S’enquit le duc outré, Quand je souffre martyr?»
LIII «Messire, dit la femme, Sachez que votre dame Appartient au conseil; Et, bien qu’elle soit duchesse, Nous sommes en semaine, Il faut qu’elle travaille.
LIV «D’ailleurs, à ce propos, Vous avez pris repos, Vous et vos compagnons; Baisé, tâté corsages, Plus les frais de ripaille, Fait cent écus tout rond.»
LV Sans dire mot, le duc Lentement approcha Du haut de l’escalier; Dans la chambre au-dessous, Vit duchesse aux genoux De son palefrenier.
LVI Alors, pris de colère, Sortit son cimeterre En hurlant son courroux, Se jeta dans le vide, Saisit l’homme livide Et lui trancha le bout.
LVII Stupéfaite, la duchesse, La bouche encore pleine, Empêchée de mot dire, Regarda son ami; Dans ses yeux nul défi, Mais juste repentir.
LVIII Le duc leva son arme Sur son amante en larmes Mais ne put l’abaisser, Car, s’il la pourfendait, Qui donc lui donnerait Légitime héritier?
LIX Et puis, est bien bénigne Cette incartade indigne Et drôle de façon; Il est sûr fort plaisant D’ainsi folâtrer quand Bouche remplace con.
LX Lors le duc absolut Sa dame fort émue Qui, de reconnaissance, Cracha le vit sanglant Et emboucha son gland Avec force science.
LXI «Mais mon duc, dit la belle, J’ai à le croire peine: Votre flamberge est tiède! Le même phénomène S’accorde à mon hymen, Mon con connut remède.»
LXII Le duc, en son bonheur, Voulut partir sur l’heure Mais, homme honnête et droit, Il dit à la matrone: «Je retourne en mon fief, Mais je ne suis ingrat.
LXIII «J’emporte la duchesse Hors de ce lieu infâme; Mais en échange que Mon palefrenier puisse De fille faire office, Puisqu’il n’a plus de queue.»
LXIV Lors, le couple ducal S’en fut sur le cheval En tête de la troupe. Tant que trajet dura, Le duc ne débanda Et prit duchesse en croupe.
LXV C’était certes plaisant De voir les deux amants Ainsi bien enchâssés; Au plus fort du galop, Pas plus qu’au petit trot, Le duc n’a déculé.
LXVI Arrivés en Ivrée, Le duc ôta son heaume Et présenta la dame. Et gente populace Acclama sur la place Sa belle suzeraine.
LXVII Enfin, le chambellan Retrouva son amant Avec le duc rentré; Mais le gueux polisson Lui passa ses morpions Au bordel attrapés.
LXVIII Et le pauvre fut pris De danse de Saint-Guy Et tant il se gratta Qu’il advint, un bon soir, Que du haut des remparts, Dans les douves il tomba.
LXIX Ainsi finit la geste, La destinée céleste, De ces douces amours Qui firent tant et bien Que moult chérubins Vinrent au fil des jours. | |
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